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My sweet world

15 décembre 2009

Un brésilien à Kerlouan

Eté à Kerlouan, une grande bâtisse bretonne au toit orné de deux cheminées, un menhir à l'orée du jardin... C'est l'été des découvertes, Muguette, ma tante si coquette, m'apprend l'art du gommage (sucre et huile d'olive) et d'avoir des cheveux brillants (vinaigre et eau froide), Maman me fait découvrir la poésie (Baudelaire) et la littérature (Kundera), Papa m'emmène chaque matin au marché et me montre comment cuisiner la soupe (de poissons) et fabriquer un far (breton)... Ferdinand, mon parrain, s'occupe de mon allemand (et vainement de mon ouverture au monde),  Marc-Antoine, 18 ans, me fait participer à ses entraînements quotidiens de football dans le jardin (je n'aurais jamais eu autant d'ecchymoses que cet été-là),  Sandra, 20 ans, me prend comme confidente et me parle de ses déboires amoureux (elle rentre d'un séjour linguistique à Londres où elle a rencontré un brésilien magnifique), et ma soeur Laurence, 16 ans, (en pleine crise d'opposition) me fait découvrir le rock alternatif... 

Tous les soirs, Marc, Sandra et Laurence, partent en discothèque dans la BX paternelle. J'ai 13 ans. Je suis confinée à la maison à jouer au scrabble avec les adultes. Je me couche tôt et les entend rentrer au petit matin furieuse. J'ai découvert un super stratagème. J'entrouvre la porte de la chambre de Marc-Antoine au petit matin et pose sur sa joue une rondelle de saucisse sèche... notre bouvier bernois  ne met que quelques minutes à se ruer sur le lit de Marc et à lui lécher le visage. Marc n'a jamais compris de quoi provenaient les élans d'affection estivaux de notre chien... Nous allons ensuite au village sur l'unique vélo, chercher les croissants pour le petit déjeuner.

Ce matin-là, nous faisons une escale au supermarché pour le lait et le café. Tout à coup Marc me plaque contre le sol "Tais-toi, IL est là!!!"  Je me relève surprise et l'aperçoit. Grand magnifique, les yeux verts sur un visage mate... le brésilien! Sandra lui avait donné l'adresse de notre propriété de vacances... mais c'est un si petit hameau que c'est un miracle que ce garçon soit là. On l'entend interroger les gens dans un français plus qu'approximatif, décrire ma cousine... j'étouffe de rire et Marc me lance des coups de coude dans le ventre. J'ai l'interdiction formelle de raconter cet épisode aux parents! Marc est inquiet. il ne sait pas s'il peut faire confiance à sa cousine de 13 ans... il m'a à l'oeil et ne me lâche pas d'une semelle. Il me promet les pires supplices si je cafte. Je jouis de ma soudaine importance et prend mon rôle très au sérieux. 

Contrairement à ce que je pensais, Sandra est horrifiée! Elle ne veut plus de son brésilien! Elle s'est réconciliée avec son copain zürichois par téléphone, en est à nouveau fooooolle amoureuse et ne veut pas d'un brésilien en travers de son chemin. Nous sommes sommés de l'ignorer si nous le recroisons. 

La fin des vacances arrive vite et nous les finissons par une visite du Mont-St-Michel.  Marc et moi regagnons la voiture en premier, Sur le parking bondé, appuyé contre notre voiture aux plaques nidwaldaises, il y a un homme... le brésilien! Il nous aperçoit et se jette sur nous "Vous connaître Sandra Mathis, elle habiter Hergiswil, dans canton voiture vous!" J'ai le fou rire. Marc panique, il perd tous ses moyens. Sandra a été catégorique : elle ne veut plus de ce garçon! Ce garçon qui arpente la Bretagne depuis 1 semaine déjà en vue de la retrouver... Marc dit "Oui je la connais, elle habite le même village que moi"... J'éclate de rire, Marc me fusille du regard, la tension monte, heureusement, le reste de la famille arrive à grand pas... Le brésilien explique son périple celtique tout en dévorant du regard ma cousine qui reste froide, figée et muette. Grand moment.... Mon parrain tape dans le dos du brésilien "On va t'emmener avec nous à Paris demain et on te conduira à l'aéroport! Mais là on va tous aller dormir à l'hôtel"... Autant vous dire que c'est Marc Antoine qui a dû partager sa chambre avec le brésilien et que d'après ses dires le trajet sur Paris a été des plus...épiques. Sandra, visage fermé, ne pipant mot et mon parrain essayant désespérément de combler les vides de la conversation... 

En octobre dernier, lors d'un brunch chez Marc Antoine à Meggen, 23 ans après ces vacances bretonnes, nous avons aimé nous raconter une énième fois cet épisode franco-brésilien et nous avons ri à nouveau comme si nous retrouvions nos 20, 18, 16 et 13 ans...

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15 décembre 2009

Princesses modèles

Je rentre du travail, gelée, les bras chargés de courses,

Elisa me saute dessus comme si j'étais un oeuf Kinder : "Maman, maman, ça existe les Ecoles de Princesses Modèles?"

J'essaye de caler les surgelés dans le congélateur bondé, tout en enlevant mes escarpins (ah quel bonheur...) et en jetant un coup d'oeil au courrier (des factures?) : "Euh, je ne sais pas, Elisa, je ne sais pas, peut-être à Monaco, oui c'est ça à Monaco ma chérie..."

Zoé fait irruption avec une barbie curieusement chauve sous le bras : "C'est loin Motamo?"

Moi, absorbée par la facture de swisscom (mon Dieu!) : "Euh... Oui! Très, trrrès loin!" Je soupire (726 sms vraiment?) espérant m'en être sortie à bon compte, hyper loin Monaco... 

Elisa jubile et se met à sauter en l'air :"J'ai une idée, j'ai une idée! On pourrait faire une Ecole de Princesse Modèle ici à Orbe! Et toi maman, tu serais la Di-re-ctrice!"

"Youpie!" s'écrie Zoé en venant se moucher de joie dans mon manteau,

"Cool" soupirai-je en saisissant du sopalin pour nettoyer ledit manteau, "Je pensais justement me reconvertir..."

***

Pensant l'histoire classée, j'appelle les filles pour passer à table.

Elles arrivent en robes Disney et diadème assortis, "Oh il y en a un 3ème!" remarquai-je "C'est pour toi, maman!" me dit Elisa fièrement en me le tendant et en  faisant une petite courbette. Soit. Je place le diadème de Cendrillon sur la tête et coupe la pizza.

"La 1ère leçon," annonce Elisa doctement en mordant dans sa pizza "c'est d'apprendre à marcher avec un livre sur la tête".

Zoé oppine et laisse tomber un bout de pizza rouge sur sa robe Belle et la Bête jaune.

"On pourrait déjà apprendre à manger proprement?" suggérai-je, en ramassant le bout de pizza avec du sopalin.

"Ah non ça c'est pas utile!" s'insurge Elisa, "Tu dois juste nous préparer pour le bal de promotion".

"Ah!", dis-je en me versant un verre de vin rouge,"parce qu'il y a un bal?" 

"Oui et on va beaucoup s'exercer" dit Zoé, en renversant son verre de lait sur la table. 

"Excellente idée", dis-je en épongeant le lait, "Il y a beaucoup de travail".

"Mais, tu sais," me chuchote Zoé à l'oreille" je suis déjà un peu une princesse modèle" et elle se sert de salade de carotte à pleine main.

"C'est sûr" dis-je en allant chercher l'aspirateur de table.

"Maman", demande Zoé qui s'est levée de table et a posé le livre "Les plus belles légendes de la mythologie" sur la tête, "Quand on est une princesse modèle il faut mettre son diadème dessous ou dessus le livre?"

"Dessus bien sûr, bobette" ricane Elisa, qui a soudainement oublié les règles de bienséance de base de l'Ecole.

"C'est celui qui dit qui l'est" s'énerve Zoé en essayant de taper sa soeur avec son diadème.

Crac, au même moment elle s'emmêle les pieds dans sa traîne et tombe avec son livre.

"Arrêtez de vous chamailler les filles", dis-je mollement en faisant avaler des granulés d'arnica à Zoé et en me versant un nouveau verre de vin.

Elisa continue de houspiller sa soeur qui se met à chouiner.

Je m'énerve :  "Bon, Elisa, écoute-moi, je crois que tu prends trop au sérieux ces livres de Princesse Accademy,"

"Maman, ne t'é-ne-rves pas! Une princesse modèle ne doit ja-mais s'é-ner-ver." me dit gravement Elisa, "Le bien être des autres est sa priorité" continue-t-elle en me fixant dans les yeux.

La sonnette retenti. "Tu es sauvée par le gong, mademoiselle" lui dis-je sévèrement. Je  pars ouvrir. C'est Marco le voisin qui n'arrive pas à partir car ma voiture - encore remplie d'une partie des courses - bloque l'accès de son garage.

Je m'excuse platement "Je viens  tout de suite la déplacer, je vais juste chercher la clé".

"Et mettez vos chaussures de verre, Cendrillon", rigole Marco, en montrant mon diadème sur la tête...


Mon Dieu.

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  • Doux, amer, piquant... comme la vie, le vent, le temps... qui passe et qui nous épargne rien tout en nous offrant pourtant le meilleur... Mes petits clichés du quotidien, mes bulles de magie, mes larmes de joie ou de tristesse parfois... Tenez! Prenez-les
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